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Gaetan
Breton and Co sort un nouvel album et commence 2008 en chanson
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Après Tranquille en 1999 et Opikanoba en 2004,
l’auteur-compositeur-interprète revient avec un nouveau disque entièrement
autoproduit. Ainsi, l’artiste jurassien a travaillé avec différents artistes :
la violoniste et chanteuse Vanessa Loerkens (du groupe Elandir), la chanteuse
Sophie Kummer, le pianiste Raoul Baumann (du Funk Collectif notamment), Vincent
Joliat, le bassiste Manu Kummer, en plus des musiciens qui entouraient déjà
l’artiste sur l’album précédent et sur scène (Christina Dubugnon, Lucie
Pasquier, Matthieu Amstutz, Karim Dubugnon, Gaël Bron, Baptiste Amstutz).
L’écrivain Helen Burger a également écrit quelques textes pour l’occasion. Et
s’il aura fallu près de deux ans pour voir l’aboutissement du projet, le
résultat est là !
Rencontre avec l’artiste pour nous parler de son nouveau bébé.
On pensait que tu avais disparu. Mais tu préparais un nouvel album…
Exactement. Du coup, on a arrêté la scène pour faire de l’enregistrement. Parce
que ça prend du temps de faire un album. C’est pour ça qu’on n’a plus vraiment
donné de nouvelles. J’espérais qu’une année après ce serait prêt, mais ça a
pris deux ans.
Quel est le point de départ de ce nouveau projet ?
Il n’y a pas vraiment de point de départ. Ca s’impose tout seul quand même.
Tout d’un coup j’ai assez de morceaux et la motivation de faire un nouveau
truc. Du coup, il n’y a pas vraiment un concept derrière. On ne réfléchit pas,
ça vient tout seul. Le concept, c’est quelque chose de réfléchi.
De quoi tu t’inspires pour tes textes ?
Pour chaque morceau, j’ai mis les dates du moment où ils sont apparus. Ca
s’échelonne bien sur deux ans. C’est vraiment à un moment précis, ça vient tout
seul, un, deux morceaux. Ca me prend complètement, surtout pour les morceaux
tristes. Si je ne me mets pas dessus dans les deux semaines qui suivent, c’est
fini ! C’est comme une porte qui s’ouvre. Pendant ce temps, j’écris beaucoup.
C’est bien plus tard que je coupe, que je supprime tout ce qui est moyen, pas
assez percutant. Quitte à garder au fond un texte assez court, même s’il n’y a
qu’un couplet, comme dans « Waiting for ». Et la musique vient en même temps.
C’est comme ça que te sont venus tous les textes de l’album…
Oui. Par contre il y a trois textes que je n’ai pas écrits moi. Pour deux
morceaux, j’ai travaillé avec un écrivaine anglaise (Helen Burger, ndlr) dont
on m’avait dit qu’elle vivait dans le village à côté. Et il y a un autre texte
que j’ai pris d’elle pour le refrain de « The Wheel turns ». Pour les deux
autres, c’est moi qui lui ai demandé, parce que je n’arrivais pas à écrire un
texte positif. C’est très rare que j’arrive à en écrire. J’écris volontiers sur
des trucs douloureux et j’y prends beaucoup de plaisir. « Lift you up » et «
Just seen », je lui ai donné ce que je voulais exprimer et elle est parti de
ça. Ca ne doit pas être évident d’écrire comme ça par rapport à ce qu’on te
donne. Moi je n’arriverais pas !
Donc si l’album est un peu sombre, c’est quelque part qu’il te reflète...
Ah oui, bien sûr. Pour le titre de l’album, je prends un morceau bien sombre,
parce que c’est ça qui me plaît. Au final, il me semble que c’est un album
assez calme, posé, mais qui ne te met pas mal dans ta peau. Enfin, j’espère !
Qu’est-ce qui a changé par rapport à l’album d’avant ?
L’album d’avant (Opikanoba, ndlr) était plus folk. Là c’est devenu plus
électrique, il y a plus de batterie. Et c’est tout en anglais. Déjà à l’époque
de l’ancien album, je n’écoutais que des choses en anglais. Si je n’écris plus
en français, c’est un choix.
Ce n’est pas pour toucher un public plus large ?!
Non, pas du tout ! Ca serait un mouvais calcul. Si Lara Fabian fait un disque
tout en anglais pour essayer de conquérir l’Amérique, je ne sais pas si c’est
le bon truc ! En plus, en Suisse, la majorité des gens chantent en anglais.
Donc c’est plus difficile de se démarquer.
Est-ce que tu es content du résultat ?
Oui. Bon ce n’est pas évident au niveau du son. Moi j’écoute toujours le son.
Je ne serai jamais cent pourcents content parce que c’est moi qui l’ai fait,
que je ne suis pas professionnel. Et plus tu progresses, plus tu te rends
compte de ce qui te manque. Artistiquement, je suis vraiment satisfait. On a
bossé pierre par pierre. Et c’est très proche de ce que j’imaginais.
L’un des morceaux les plus étonnants de l’album est assurément « West 11th street
» que l’artiste a enregistré dans l’une des rues de Manhattan. Explications :
« J’ai vraiment joué le morceau là-bas avec une guitare, dans la rue. On peut
penser que c’est un collage, que je l’ai joué tranquille sur mon canapé mais je
l’ai joué là-bas ! L’idée c’était de jouer dans la rue et je pensais d’abord
faire ça à Bâle, avec un ordi, des micros… Mais comme j’allais à New York, je
me suis dis que ça serait encore mieux, au niveau des sons de la rue. J’ai rien
contre le suisse allemand mais ça n’aurait pas eu le même effet. Je suis donc
parti avec mon mini-disc, et sur place, j’ai cherché une guitare à louer mais
il n’y en avait pas. Finalement j’en ai eu une gratuite en achetant dix jeux de
cordes ! Et je suis allé jouer dans la rue, avec les bruits de fond, les gens
qui passent, les voitures. »
A New York peut-être plus que n’importe où ailleurs, on croise facilement dans
la rue tout de sorte d’artistes différents : chanteurs de gospel ou joueurs de
batterie sur des seaux en plastique dans le métro, saxophonistes au milieu de
Central Park, rappeurs en ensemble baggy le long de Broadway… Et un jour,
certains passants ont dû entendre Gaetan Breton avec sa guitare, sur un
trottoir de la West 11th street.
Notre avis
Avec Anything on my way,
Gaetan Breton semble avoir franchi un nouveau palier. Les 45 minutes de musique
reflètent bien tout le travail accompli. Cet album, entièrement autoproduit,
est une réussite à bien des égards : chaque chanson vous prend et vous emporte
dans un monde nouveau, souvent calme et serein mais toujours singulier, grâce
notamment aux textes, dont la simplicité et la poésie s’adressent à chacun
d’entre nous. Gaetan Breton vous offre une véritable évasion en ce début
d’année. Personnellement, je me permets une mention spéciale pour le titre «
Waiting for », qui ne laissera personne indifférent. Comme l’album tout entier
d’ailleurs.
Anything on my way est officiellement disponible le vendredi 25 janvier 2008 à
minuit, via le site du chanteur. Le vernissage aura lieu le samedi 26 janvier
au bar le Studio à Delémont. Après quoi de nouveaux concerts de Gaetan Breton
and Co auront lieu un peu partout en Suisse.
françois || le 01 janvier 2008